G. Sand | La mare au Diable

La mare au Diable | George Sand 

             Le Livre de poche • 2,90€

                                       Classique

                                      185 pages

Synopsis de la quatrième de couverture

    On l'appelait《la mare au Diable》, car ses brumes, le soir, égaraient les voyageurs. Perdus à leur tour, Germain, Marie et le Petit Pierre sont forcés d'y passer la nuit. Le laboureur et la jeune fille ont le cœur triste. Germain va chercher une épouse pour s'occuper de ses enfants orphelins de leur mère. Et Marie a quitté sa mère, ce matin, en larmes pour se louer comme bergère à la ferme des Ormeaux, si loin. Seul Petit-Pierre, le fils de Germain, est heureux et confiant. De lui dépendra le sort de ceux qu'il aime tant. George Sand chante, quelquefois en patois, les joies de l'amour, de l'enfance et du travail de la terre. 

Préface, commentaire et notes de Marielle Caors.

Avis personnel

  

    C'est le deuxième ouvrage écrit par George Sand que je lis. Un réel plaisir à lire sa plume, d'une douceur et d'une poésie dans ces lignes. Bien que je préfère《La petite Fadette》qui fait partie de mes livres coups de cœur de 2023 ! Promis vous aurez une chronique sur ce roman prochainement. 

  Pour découvrir son style d'écriture, ce petit livre fait presque 200 pages. Incluant; 

▪︎ Une préface

▪︎ L'auteur au lecteur

▪︎ Les annexes

Note personnelle

14/20

 

    L'autrice nous immerge dans la vie campagnarde du Berry ainsi que de son dialecte. Également sur la culture de cette région. Dont la procédure du mariage, dans cet ouvrage. 

    Nous sommes dans les codes où la femme doit posséder une dot, nous avons un passage sur comment la procédure se fait. Comment une jeune fille amasse son argent pour constituer une coquette somme à son futur époux et à sa belle-famille. C'était monnaie courante qu'elles travaillent dès leurs adolescences. Les jeunes garçons également travaillaient pour contribuer aux besoins de leurs familles. 

    Pour l'époque, être veuf.ve jeune avec des enfants en bas âges était mal vu par la société. Le fait que la contraception et la pilule du lendemain n'existait pas c'était anodin d'avoir plusieurs progénitures. Pour être bien perçu, riche ou pauvre une femme devait s'occuper des enfants tandis que l'homme travaillait pour ramener de l'argent. 

    Nous suivons donc Germain qui est veuf avec ces marmots sous le toit familial de ses parents. Son père Maurice lui demande de se dégoter une nouvelle épouse pour s'occuper de ces enfants. Ce qui n'enchante pas notre protagoniste de prime abord qui a toujours une pensée pour sa défunte femme. Cependant son paternel finit par le convaincre d'aller accourir auprès d'une femme. 

Entre-temps, leur voisine est composée d'une famille pauvre. La mère peine à joindre les deux bouts. Sa fille est une adolescente, qui n'a ni dot, ni de prétendant. Elle est envoyée pour deux saisons dans la famille Ormeaux afin d'économiser sa dote et soutenir financièrement sa mère. 

    Marie et Germain partent ensemble puisque leur quête se trouve dans le même secteur. Sur le chemin, notre laboureur va récupérer son Petit-Jean qui voulait prendre part à l'aventure malgré le désaccord familial. 

    Ils feront une halte la nuit dans une forêt où il y a une mare et c'est là que les événements vont se mettre en place. Comment sont les protagonistes et nous découvrirons que Marie est une jeune femme débrouillarde. Qui sait s'adapter à la vie rude et que malgré son jeune âge, elle sait bien plus de chose que Germain qui fait le double de son âge. En effet il m'a semblé être un homme qui se repose beaucoup sur les autres, à vivre dans l'instant t sans charge mental.

    Avant d'entrer dans la forêt, ils avaient fait une pause dans une auberge et Germain avait commandé deux bouteilles de vin. La jeune fille avait récupéré la seconde bouteille non consommée dans leur baluchon. Elle a récupéré sur le chemin des châtaignes pour les consommer plus tard. Elle sait faire un feu de camp, cuire des oiseaux sur le feu, s'adapter pour créer un lit d'appoint avec le matériel des environs. Malgré son chagrin elle avance et essaye de voir le positif. Tout l'inverse de Germain qui se laisse abattre à la moindre occasion, à s’apitoyer sur son propre sort. Un personnage qui m'a agacé fortement en plus d'un autre détail ...

/!\ Passage spoiler /!\

    En effet pendant leur halte dans ce marais, Germain va se rendre compte de la valeur de Marie. Qu'il va éprouver des sentiments pour elle. Il va insister en lui posant des questions indirectement puis directement, du style "Un homme de mon âge vous dérangerait?", "Me trouvez-vous beau". À lui forcer indirectement d'accepter sa requête de se marier afin de rester dans leur région. Lui qu'il ait une nouvelle épouse pour reprendre la maison en main. Qu'elle ne soit plus un fardeau pour sa mère tout en étant à proximité d'elle pour l'aider aux champs. 

    J'étais mal à l'aise de visionner une relation sur une mineure qui n'a aucune expérience maritale avec un homme approchant de la trentaine. Qu'en plus il insiste en restant "courtois" (dans le sens où c'est "que" verbale, il ne l'a touche pas ni ne lui fait de menace/chantage). C'est une caractéristique que j'ai retrouvée dans son autre œuvre (La Petite Fadette). Qu'elle rédige un passage où l'homme veut conquérir une femme de manière insistante sans passer physiquement à l'acte. Uniquement par insistante sans rabaisser son interlocutrice. C'est assez déstabilisant puisque d'ordinaire ont verrait plus un homme qui lui ferait du chantage, la manipulerait en plus des attouchements non consentis. 

    Est-ce une des rares autrices.eurs de son époque à montrer d'autres façons de courtiser une Dame sans la brutaliser ni la dominer. Tout en essayant de l'avoir à la bonne pour être marié en instant avec des excuses qui est une forme de manipulation. Ou que les mœurs étaient différentes en notre ère malgré les différentes conditions et droits. Hormis le fait que c'était commun qu'un couple soit composé d'une mineure et d'un homme mûr. 

    Actuellement nous avons plus de droits, nos voix se font entendre. Malgré cela il y a des livres vendus par milliers sur des relations toxiques (tenus dans les mains des plus jeunes qu'aux plus anciens.nes) . Sur des scènes de viol (bonjour le syndrome de Stockholm), sur d'une quelconque manipulation passive ou agressive, mentale comme physique. 

    Autre point qui m'a agréablement surpris, c'est quand Marie est chez les Ormeaux et que le propriétaire est voulu faire des vilaines choses sur la jeune fille. Qu'elle fuit avec Petit-Jean. Qu'ils seront secourus par Germain sur le chemin, qu'il la croit et la protège. Et ça, c'était beau à lire, une scène qu'un homme croit une femme au lieu de prendre parti pour le bourreau.

    Même qu'après qu'ils rentrent chez eux, sur le chemin, que notre laboureur n'insiste pas auprès de Marie pour se la faire marier. Tant bien même quand le père Maurice et la mère de Marie soit au courant, personne ne va incriminer la jeune fille. 

    Je ne pensais pas voir ce genre de scène dans un ouvrage ancien avec un écart de société. De lire un roman qui ne fait pas les mêmes clichés agaçants. 

/!\ Fin du spoiler /!\

    Hormis ce passage du livre sur le marais qui m'a dérangé. J'ai aimé cette lecture et j'ai hâte de me procurer d'autres œuvres de Sand. J'adore sa manière d'écrire, de faire des personnages féminins fortes qui sort des sentiers battus. Des personnages qui se remettent en question ou qui évoluent. Que c'est nuancé de gris, que rien n'est tout blanc ou tout noir. De montrer la vie simple et désuète qui nous immerge dans l'histoire.

Et vous, votre avis sur cette lecture ?